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Une main tendue entre la France et le Québec : une communauté de pratique France/Québec

Face à la nécessité de formation et de soutien des professionnels accompagnant des enfants atteints d’un TSAF, nous avons constitué en décembre 2022 une communauté de pratique au sein de la fondation Grancher, une institution de protection de l’enfance qui œuvre dans l’accueil familial en France. Cette communauté de pratique est composée de travailleurs sociaux (assistantes familiales, référentes éducatives - et soutenue au niveau institutionnel par un parrain et une marraine) qui ont ressenti le besoin et le désir de partager leurs expériences et d’avancer vers une meilleure connaissance de ces troubles et des stratégies éducatives possibles pour aider ces enfants à grandir. L’enjeu de notre communauté de pratique est le suivant : « comment améliorer l’accompagnement des enfants atteints d’un TSAF, mieux répondre à leurs besoins et soutenir les pratiques professionnelles ? » C’est une démarche de recherche-action fondée sur l’expérimentation et l’amélioration des pratiques co-construite de façon collaborative et qui s’appuie sur l’intelligence collective, l’entraide, la reconnaissance des professionnels en tant qu’acteurs dotés d’un pouvoir d’agir qu’il s’agit d’étayer, en tant qu’ils et elles sont les experts de leur travail et de leur pratique et donc les mieux placés pour en parler et en dire quelque chose. La reconnaissance des travailleurs sociaux est un enjeu particulièrement prégnant aujourd’hui en France et les expériences innovantes qui participent de cette reconnaissance sont à analyser et à développer, tant il est vrai que des professionnels dont le sentiment d’efficacité personnelle est renforcé, qui ont confiance dans leurs capacités d’agir et d’aider les enfants accueillis, peuvent mieux les soutenir dans le chemin de leur développement. Retrouver du souffle, de l’espoir, dépasser l’impuissance, la fatalité, la résignation, est un défi quotidien à l’heure où le manque d’accès aux soins et d’infrastructures, les déserts médicaux, les pénuries de personnel, la saturation des dispositifs, pourraient nous faire baisser les bras et nous laisser découragés. Ne pas rester seuls devant les difficultés, savoir que d’autres passent par les mêmes doutes, les mêmes épreuves, les mêmes questionnements, favorise la réassurance et redonne de la force pour continuer à avancer pas à pas.

Dans un souci de partager les meilleures pratiques et de bénéficier des expertises les plus avancées sur la question des TSAF au niveau international, je suis entrée en lien avec l’organisme québécois SafEra dont les productions sont particulièrement utiles pour nous et d’une grande qualité. SafEra anime plusieurs communautés de pratique avec des familles d’accueil ou adoptives et l’idée d’entrer dans un échange approfondi France-Québec paraissait donc logique. La première chose qui m’a frappée est leur approche très concrète et pragmatique des troubles : comment faire, que peut-on faire dans telle ou telle situation ? Une approche à laquelle je souscris car elle rejoint l’idée de sortir de l’impuissance pour accompagner, que la pensée se construit dans l’action et l’action dans la pensée. Penser pour ne pas agir, cela n’aide pas l’enfant quand la question est bien celle de comment faire, car oui il est possible de faire quelque chose quand il s’agit de permettre à l’enfant de développer son plein potentiel, en tenant compte de ses forces et de ses difficultés. Les premiers échanges entre nous ont été riches et fructueux, et nous avons appris énormément en peu de temps grâce à Annie Rivest et Annie McClure. Ce petit texte est un juste retour de ce partage, la réciprocité étant une des clés d’une communauté de pratique : celle de donner et recevoir, et nous espérons que cette collaboration aura une longue vie. Cela montre s’il en était besoin que les démarches collectives sont porteuses de possibles et de changement positif, car oui « ensemble on va plus loin », pour le bénéfice des enfants accueillis et de ceux et celles qui prennent soin d’eux.

Rédigé le 26 juillet 2024 par Karima Gacem, animatrice de la communauté de pratique COP TCAF, salariée-doctorante au sein de la fondation Grancher-Université Paris Nanterre.